C'est à chacun et chacune de prendre conscience de ces différents facteurs négatifs, de travailler et d'entretenir ses capacités motrices, afin de d’éviter que la dégradation progressive de celles-ci ne devienne à terme trop handicapante.
 
Philippe MARBOT
 
Le 9 septembre 2012
Comme je l'ai déjà écris par le passé pour moi l'analyse de la morphologie c'est quelque chose d’extrêmement intéressant, ça permets de; comprendre comment fonctionne son corps, comprendre les mécanismes de levier, comprendre pourquoi l'on a des points forts et des points faibles, comprendre pourquoi on est fort sur un mouvement et relativement plus faible sur d'autres, par contre pour moi ça ne doit pas servir d'excuses pour ne pas chercher à résoudre les problèmes de fonds.
 
Perte de souplesse musculaire, perte de mobilité articulaire, mauvaise exécution technique, mauvais "movement pattern", autant de facteurs qui peuvent rendre progressivement impossible un mouvement aussi basique, naturel et ancestral que celui qui consiste à simplement s'accroupir.
Attention que l'on ne se méprennent pas sur le sens de mes propos, selon les objectifs de chaque individu tel ou tel mouvement ne sera effectivement pas un choix judicieux, ainsi si l'on a pour seul objectif la recherche du volume musculaire, et suivant la longueur de certain segments osseux, il ne sera pas forcement nécessaire de privilégier le travail en amplitude complète, dans certain cas cela s’avérera même sans doute contre productif.
 
En revanche affirmer, dès que l'on est en incapacité de faire un mouvement, que notre morphologie en est l'unique cause est aussi une grave erreur.
 
Ainsi il est de plus en plus fréquent de voir sur les forums des jeunes qui n'ont que quelques semaines de pratique de la musculation nous expliquer doctement qu'ils ne font jamais de squat (voir qu'il ne travaille pas l'ensemble du bas du corps) car ils n'ont pas la "morphologie" pour le faire.
 
Ils n'ont même pas pris le temps nécessaire pour apprendre à faire correctement le mouvement, ni explorer aucune des autres pistes qui pourrait expliquer leur difficultés à réaliser ce mouvement, qu'ils s'empressent d’évoquer l'excuse anatomique !
Ce qui m'a frappé c'est que ces athlètes, aux morphologies si différentes, étaient néanmoins capable de réaliser ces mouvements, comment ce faisait-il que ce grand mec longiligne d'1m90 avec ses fémurs interminables, au fond de la salle, soit capable de faire un squat avant aussi profond que cet autre mec, trapu et court sur pattes, juste à coté de moi ?
 
La réponse: une technique parfaitement maîtrisée, une excellente souplesse des chevilles, des fessiers, des quadriceps, des épaules et enfin une très bonne mobilité scapulaire et de la hanche.
 
Autant de choses qu'aucun d'entre eux ne considérai comme acquises, ainsi je me rappelle avoir vu untel, allongé sur le dos, sur un banc, travailler la souplesse de ses épaules en gardant les bras tendus dans le vide au dessus de sa tête avec 2 petits disques de fontes dans les mains, un autre faire des auto-massages du psoas-illiaque afin de prévenir toute raideur de ce muscle etc...
Une première erreur serait de croire que ces prédispositions théoriques se traduiront nécessairement en résultats concrets sur le terrain, en effet une multitude d'autres facteurs conditionne la réussite ou l’échec d'un mouvement.
 
Nous pouvons citer entre autres des facteurs physiologiques; qu'ils soit d'ordre nerveux (SNC), musculaires (pourcentage de fibres rapides et lentes), articulaires et tendineux (mobilité), mais aussi des facteurs exogènes tels que l'apprentissage d'une technique pauvre, l'acquisition de mauvais automatismes, l'instauration de gestes parasites, l'utilisation d'un matériel inadapté, le sous ou le sur-entrainement.
 
Tout ces facteurs peuvent, cumuler entre eux, rendre inefficace un individu possédant de bonnes prédispositions morphologiques ou, au contraire, rendre performant un individu qui compensera de mauvais leviers par une technique irréprochable ou par un influx nerveux optimum.
 
La semaine dernière, au club d’haltérophilie ou je m’entraîne, j'ai pris quelques minutes pour observer autour de moi les athlètes en présence, j'ai vu des petits, des grands, des minces, des costauds, des grandes jambes, des petits bras, l'inverse aussi...
Tous ces athlètes était en phase d'apprentissage ou de perfectionnement sur deux mouvements, l'arraché et l’épaulé jeté, ce sont des mouvements très complexes et techniques, avant d’être parfaitement effectués il est nécessaire d’être capable d'effectuer des mouvements plus "simples", qui consisteront en sorte une forme de pré-requis.
 
Ainsi impossible de faire un arraché complet si l'on est incapable de faire un overhead squat complet, impossible de faire un épaulé jeté complet si l'on est incapable de faire un squat avant complet.
D'un strict point de vue sportif c'est du coté du powerlifting que l'analyse morphologique à principalement démontrer sa pertinence, il est ainsi relativement facile de prévoir si un individu aura des prédispositions anatomiques sur tel ou tel mouvement de force athlétique, en fonction des rapports de longueur de certain segments osseux entre eux (on dira alors que l’athlète possède des "leviers de force favorables").
 
Par exemple une cage thoracique épaisse accompagnée de membres supérieurs courts sera un avantage indéniable pour le développé couché, en réduisant la course du mouvement à effectuer, cette configuration anatomique constitue un atout pour ce geste, à l'inverse, et pour les mêmes raisons, de longs bras faciliterons les mouvements de soulevés de terre.
Intérêts et limites de l'analyse morphologique
 
L'analyse morphologique est un outil de plus en plus populaire, les articles sur ce sujet rencontre un franc succès, des auteurs comme Michael Gundill et Frédéric Delavier en ont fait leur spécialité, le talent artistique de ce dernier contribuant à rendre plus accessibles des données que seul le corps médical, quelques anatomistes et anthropologues chevronnés, maîtrisaient jusqu’alors.
 
Il est néanmoins important de se rappeler que celle-ci n'est qu'un outil, qui présente certes un grand intérêt, mais qu'il ne constitue pas l'alpha et l’oméga de l'exercice physique, au contraire celle-ci sert, malheureusement, parfois d'excuse ou s’érige en barrières psychologiques qui peuvent ralentir la progression du sportif.
 
Le concept d'analyse morphologique n'est pas nouveau, les anthropologistes étudient depuis des siècles l'être humain sous tous ses aspects physiques, et cette étude ne trouve pas une application exclusivement dans le domaine scientifique ou sportif, ainsi certains stylistes analysent la morphologie de leurs clients et clientes; l’étude des rapports entre la largeur des épaules, celle de la poitrine, celle de la taille et celle des hanches, leurs permettent par exemple de les conseiller sur leur garde-robe, de façon à gommer leurs défauts et de mettre en avant leurs atouts.
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